Après une première saison acclamée par la critique, The Last of Us fait son grand retour sur nos écrans avec un premier épisode riche en émotions et en tensions. Cette adaptation du célèbre jeu vidéo continue de surprendre tant par sa fidélité à l’œuvre originale que par ses audacieuses libertés narratives.

Disponible depuis ce 14 avril 2025 sur la plateforme Max, ce nouvel opus nous plonge dans un monde toujours ravagé, mais où l’humanité, dans toute sa complexité, continue de lutter pour sa survie. Découvrons ensemble ce que nous réserve ce premier épisode et ce qu’il annonce pour la suite de cette saison prometteuse.

Un bond dans le temps : cinq ans après, Jackson et ses habitants ont évolué

Ce premier épisode nous transporte cinq ans après les événements bouleversants du finale de la saison 1. Joel (Pedro Pascal) et Ellie (Bella Ramsey) ont trouvé refuge à Jackson, une communauté relativement sécurisée où ils tentent de reconstruire une vie « normale » dans ce monde post-apocalyptique. L’épisode s’ouvre de manière surprenante, avec l’introduction d’un nouveau personnage central : Abby, interprétée par Kaitlyn Dever, dont les motivations semblent clairement dirigées contre Joel.

La série nous présente rapidement une Ellie désormais âgée de 19-20 ans, qui s’affirme davantage et développe une relation romantique avec Dina (Isabela Merced). Leur complicité se matérialise notamment lors d’une mission périlleuse dans un supermarché infesté de Clickers, où leur coordination et leur communication témoignent d’une relation déjà bien établie. Cette séquence d’action, fidèle au gameplay du jeu original, nous rappelle que le danger rôde toujours à l’extérieur des murs protecteurs de Jackson.

Joel, quant à lui, semble avoir vieilli et adopté un rôle de figure paternelle et protectrice pour l’ensemble de la communauté. Un aspect intrigant de cet épisode est l’introduction de séances thérapeutiques avec une psychologue interprétée par Catherine O’Hara, où Joel lutte visiblement avec les secrets et les décisions prises à la fin de la saison précédente.

Un dialogue permanent avec le passé : les échos de la première saison

Les cicatrices émotionnelles persistent

Le poids des événements de la saison 1 plane constamment sur cet épisode. La décision controversée de Joel de sauver Ellie au détriment d’un potentiel vaccin contre l’infection fongique constitue toujours le nœud dramatique central. Cette tension se manifeste subtilement dans les interactions entre les personnages, particulièrement lors de la scène poignante où Joel, incapable d’avouer la vérité à sa thérapeute, se contente de dire :

« Je l’ai sauvée ».

Cette simple phrase, interprétée magistralement par Pedro Pascal, contient toute l’ambiguïté morale de son acte – était-ce réellement un sauvetage ou un acte d’égoïsme déguisé?

Des structures narratives parallèles

Les créateurs Craig Mazin et Neil Druckmann reprennent habilement la structure narrative de la première saison en alternant entre des moments de tension, d’exploration et de développement relationnel. Tout comme la saison précédente avait su établir la relation entre Joel et Ellie à travers leurs pérégrinations, cet épisode pose les fondations de nouvelles dynamiques interpersonnelles, notamment entre Ellie et Dina. Cette continuité structurelle offre aux spectateurs des repères familiers tout en introduisant de nouveaux enjeux.

L’exploration philosophique au cœur de l’apocalypse

Le prix de la vengeance et le cycle de la violence

Dès les premières minutes, l’épisode pose les jalons d’une réflexion profonde sur la vengeance et ses conséquences. À travers le personnage d’Abby et sa détermination implacable (« When we kill him, we kill him slowly »), la série questionne le prix moral et psychologique de la vengeance. Cette thématique fait directement écho aux actions de Joel à l’hôpital des Lucioles dans la saison 1, suggérant un cycle de violence où chaque acte engendre inévitablement des représailles.

L’altérité et la construction identitaire

L’épisode explore également la notion d’identité et d’altérité à travers plusieurs personnages. Ellie, notamment, navigue entre son statut unique (étant immunisée) et son désir d’appartenance et de normalité au sein de la communauté. Sa relation avec Dina devient un vecteur d’exploration de son identité personnelle, au-delà de son « utilité » potentielle pour l’humanité. La série questionne ainsi ce qui nous définit : nos capacités, nos relations, nos choix, ou notre histoire?

La parentalité et la protection dans un monde hostile

La parentalité, thème déjà central dans la première saison, continue d’être explorée sous différents angles. Joel a adopté une posture paternelle non seulement envers Ellie mais envers la communauté tout entière. Cette extension de la notion de protection interroge les limites du sacrifice personnel et de la responsabilité collective. Jusqu’où peut-on aller pour protéger ceux qu’on aime? Ce questionnement éthique traverse tout l’épisode et présage des conflits moraux à venir.

Une mise en scène qui transcende l’adaptation

L’esthétique post-apocalyptique magnifiée

Craig Mazin, qui a également réalisé cet épisode, démontre une maîtrise impressionnante de l’atmosphère visuelle. Les plans de la communauté de Jackson, avec ses lumières chaudes contrastant avec l’hostilité glaciale de l’extérieur, traduisent visuellement la précarité de cette paix relative. La photographie soignée alterne entre des teintes froides pour les séquences extérieures et des tons plus chaleureux pour les moments intimes, créant un langage visuel cohérent qui sert admirablement le propos.

La transcription du gameplay en narration visuelle

Une des grandes forces de cet épisode réside dans sa capacité à traduire l’expérience de jeu en langage cinématographique. La séquence du supermarché avec Ellie et Dina illustre parfaitement cette traduction : l’exploration méticuleuse, les moments de tension face aux Clickers, et les interactions avec l’environnement rappellent le gameplay tout en s’inscrivant dans une narration fluide et rythmée. Cette fidélité à l’esprit du jeu, plus qu’à sa lettre, distingue The Last of Us des adaptations vidéoludiques conventionnelles.

Des moments de contemplation porteurs de sens

Entre les séquences d’action, Mazin ménage des moments de contemplation essentiels. La scène de danse lors de la célébration du Nouvel An, reconstituée avec une attention méticuleuse aux détails du jeu, représente une parenthèse de beauté et d’humanité dans ce monde dévasté. Ces instants de respiration ne sont jamais gratuits mais servent à approfondir la caractérisation des personnages et à renforcer l’impact émotionnel des moments de tension à venir.

La psychologie des personnages : complexité et nuances

Joel : le poids du mensonge et de la culpabilité

L’épisode offre une plongée fascinante dans la psyché de Joel, désormais tourmenté par les conséquences de ses choix. Sa session avec la psychologue révèle un homme incapable de verbaliser sa culpabilité, tout en étant consumé par elle. Pedro Pascal excelle dans cette performance tout en retenue, où l’émotion transparaît dans les silences et les regards plus que dans les mots. Le personnage semble avoir trouvé une forme de rédemption dans son rôle protecteur à Jackson, mais l’ombre de son passé continue de le hanter.

Ellie : entre adolescence et responsabilités

La caractérisation d’Ellie témoigne d’une évolution complexe. Désormais jeune adulte, elle conserve une part de rébellion adolescente (symbolisée par son écoute de Nirvana et son attitude parfois frondeuse) tout en assumant des responsabilités au sein de la communauté. Sa relation avec Dina lui permet d’explorer une facette plus vulnérable de sa personnalité, en contraste avec l’image de dureté qu’elle projette habituellement. Cette dualité reflète sa position unique : témoin des horreurs du monde extérieur mais aspirant néanmoins à une normalité qui lui semble parfois inaccessible.

Abby : un antagoniste aux motivations complexes

Bien que brièvement présentée, Abby s’impose déjà comme un personnage aux motivations complexes. Contrairement à des antagonistes unidimensionnels, ses intentions vengeresses semblent ancrées dans une histoire personnelle douloureuse. La performance de Kaitlyn Dever transmet efficacement ce mélange de « tristesse et de colère extrême » qui anime le personnage, laissant présager une caractérisation nuancée plutôt qu’une simple opposition manichéenne.

Le traitement du temps : ellipses et mémoire

La représentation visuelle du passage du temps

L’un des défis majeurs de cet épisode était de représenter visuellement le passage de cinq années. Si certains critiques ont pointé un manque de subtilité dans cette représentation, notamment concernant Ellie, la série parvient néanmoins à communiquer cette ellipse temporelle à travers l’évolution de l’environnement et des dynamiques sociales. Jackson apparaît comme une communauté plus structurée, témoignant d’années d’organisation et d’adaptation.

La mémoire comme fil conducteur narratif

La mémoire joue un rôle central dans cet épisode, tant pour les personnages que pour les spectateurs. Les souvenirs des événements de la saison 1 influencent chaque interaction et chaque décision, créant un jeu constant entre passé et présent. Cette stratégie narrative renforce l’impact émotionnel des situations actuelles en les ancrant dans une histoire partagée, tout en maintenant la tension dramatique autour des secrets et des non-dits.

La perception subjective de la durée

Au-delà du temps chronologique, l’épisode explore la perception subjective de la durée. Pour Joel, ces cinq années semblent avoir passé rapidement dans la routine sécurisante de Jackson, tandis que pour Ellie, cette période représente le quart de sa vie et une transformation significative de son identité. Cette différence de perception contribue à la caractérisation des personnages et à la complexification de leurs relations.

Une fondation solide pour une saison ambitieuse

Ce premier épisode de la saison 2 de The Last of Us pose avec maestria les fondations d’une narration ambitieuse et complexe. En équilibrant fidélité à l’œuvre originale et innovations narratives, Craig Mazin et Neil Druckmann démontrent leur compréhension profonde de ce qui a fait le succès tant du jeu que de la première saison : une humanité brute et authentique au cœur d’un monde dévasté.

Si certains aspects méritent d’être affinés, notamment la représentation du vieillissement des personnages et quelques passages didactiques un peu appuyés, l’ensemble témoigne d’une qualité d’écriture et de réalisation exceptionnelle. Les performances remarquables du casting, en particulier celle d’Isabela Merced dans le rôle de Dina, promettent des développements caractériels riches et nuancés.

À travers ses thématiques universelles – vengeance, pardon, protection, identité – et son traitement cinématographique soigné, The Last of Us continue de transcender son statut d’adaptation pour s’imposer comme une œuvre majeure de la télévision contemporaine. Ce premier épisode nous laisse avec une attente fébrile pour la suite de cette saison qui s’annonce aussi bouleversante que captivante.

The Last of Us Saison 2 confirme dès son premier épisode sa place parmi les séries télévisées les plus ambitieuses et philosophiquement riches du moment, promettant aux spectateurs un voyage émotionnel intense dans les tréfonds de l’âme humaine.

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