Paradise, la nouvelle série phare de Disney+, s’est imposée comme le premier grand succès de la plateforme en 2025, et ce, bien avant l’arrivée très attendue de Daredevil : Born Again. Lancée en janvier dernier, cette création originale de Dan Fogelman mêle habilement thriller politique, science-fiction et dystopie dans un cocktail narratif aussi fascinant que déstabilisant. Si tu cherches une série qui bouscule les codes et te fait réfléchir tout en te tenant en haleine, Paradise pourrait bien être ta prochaine obsession télévisuelle.

Une plongée vertigineuse dans l’univers de Paradise

Paradise nous transporte dans un futur proche, au sein d’une communauté souterraine gigantesque baptisée « Paradise« . Cette ville qui s’étend sous la surface de la Terre abrite les personnalités les plus puissantes et fortunées de la planète, formant une société élitiste qui semble s’être mise à l’abri d’une catastrophe mondiale. Au centre de cette intrigue complexe, nous suivons Xavier Collins (Sterling K. Brown), chef de la sécurité rapprochée du président des États-Unis Cal Bradford (James Marsden).

Tout bascule lorsque le président est retrouvé mort dans sa chambre. Xavier, premier sur les lieux, devient instantanément le suspect numéro un. Pour prouver son innocence, il devra naviguer dans un labyrinthe de conspirations, tout en protégeant ses deux enfants et en découvrant les véritables secrets que cache Paradise. Ce qui semblait être une communauté idyllique et progressiste révèle peu à peu sa face sombre, soulevant une question fondamentale : comment et pourquoi la catastrophe qui a changé le monde s’est-elle produite ?

La série se compose de huit épisodes d’environ 50 minutes chacun, disponibles en intégralité sur Disney+. Le premier épisode se conclut par un twist saisissant qui fait immédiatement basculer la série du thriller politique classique vers une dystopie inquiétante, promettant aux spectateurs un voyage narratif déstabilisant.

Un casting de prestige au service d’une vision ambitieuse

La force de Paradise repose en grande partie sur son casting d’exception, mené par Sterling K. Brown, récemment nommé aux Oscars pour Fiction à l’américaine. À ses côtés, James Marsden incarne le président avec un charisme naturel, tandis que Julianne Nicholson, Nicole Brydon Bloom, Sarah Shai et Krys Marshall complètent cette distribution impressionnante.

Dan Fogelman, déjà reconnu pour son travail sur la série émotionnelle This Is Us, opère ici un virage à 180 degrés en explorant des territoires narratifs radicalement différents mais tout aussi captivants. Sa capacité à tisser des récits complexes et à créer des personnages profondément humains reste sa signature, même dans ce contexte d’anticipation politique.

Les thèmes principaux de Paradise : Entre pouvoir, vérité et survie

La marchandisation de la vie humaine

Si Paradise excelle dans son approche du thriller, c’est surtout par sa capacité à questionner profondément notre rapport au temps, à la vie et à la mort. La série évoque, à travers son univers dystopique, une société où le temps de vie est devenu une marchandise que les plus riches peuvent s’offrir aux dépens des plus pauvres. Cette thématique n’est pas sans rappeler le film allemand du même nom sorti en 2023 sur Netflix, qui explorait un concept similaire où une entreprise permettait de transférer du temps de vie entre les personnes.

Cette réflexion sur la valeur marchande de l’existence humaine se retrouve en filigrane dans la structure même de Paradise, où la ville souterraine représente littéralement un havre de paix acheté par les élites, laissant le reste de l’humanité face à un destin incertain.

Le contrôle par l’illusion et la manipulation

L’un des thèmes les plus puissants de la série est sans doute celui de la manipulation des masses par le contrôle de l’information. Dans l’épisode 6 intitulé « You Asked for Miracles« , Xavier Collins cherche à briser cette emprise en piratant le ciel artificiel du bunker pour y projeter un message provocateur : « DO YOU WANT TO KNOW THE TRUTH?« . Ce geste symbolique marque un tournant dans la narration, illustrant parfaitement comment la série questionne notre rapport à la vérité et notre tendance à accepter des illusions confortables plutôt que des réalités dérangeantes.

La fracture sociale et le privilège

Paradise pose également un regard critique sur les inégalités sociales et la façon dont les crises mondiales tendent à exacerber ces fractures. La série montre comment, face à une catastrophe planétaire, les plus riches parviennent à se construire un semblant de normalité, tandis que le sort des autres reste flou et inquiétant. Cette dystopie n’est finalement que le miroir grossissant de nos propres sociétés, où le privilège détermine souvent qui survivra aux crises climatiques, sanitaires ou économiques.

Comment Paradise se distingue des autres séries dystopiques

Une dystopie qui prend son temps

Contrairement à de nombreuses séries du genre qui plongent immédiatement le spectateur dans un monde post-apocalyptique, Paradise choisit de révéler progressivement sa nature dystopique. Le premier épisode fonctionne comme un thriller politique relativement classique, avant qu’un retournement de situation ne vienne bouleverser tous nos repères. Cette approche permet à la série de Fogelman de se démarquer en jouant sur nos attentes et en nous surprenant constamment.

Une esthétique soignée et non conventionnelle

Visuellement, Paradise s’éloigne des clichés du genre dystopique, souvent dominé par des palettes de couleurs sombres et désaturées. La ville souterraine de Paradise, avec son ciel artificiel et ses espaces soigneusement conçus, offre au contraire une vision presque utopique en apparence, rendant le contraste avec la réalité sous-jacente d’autant plus saisissant. Cette direction artistique contribue fortement à l’identité unique de la série.

Une structure narrative complexe

Si tu apprécies les séries comme Lost, à laquelle Paradise a été comparée, tu seras sensible à la construction narrative élaborée qu’offre cette création de Dan Fogelman. La série jongle habilement entre différentes temporalités et perspectives, construisant peu à peu un puzzle narratif dont les pièces s’assemblent avec une précision remarquable. Cette approche complexe mais maîtrisée distingue Paradise de nombreuses dystopies plus linéaires.

L’architecture narrative de Paradise : Twists et révélations

Des rebondissements qui servent l’histoire

Dan Fogelman s’est déjà illustré avec This Is Us par sa capacité à créer des twists narratifs mémorables. Dans Paradise, il pousse cette compétence encore plus loin, en orchestrant des rebondissements qui ne sont jamais gratuits mais servent systématiquement la progression de l’intrigue et l’approfondissement des personnages. Comme l’a confié Sterling K. Brown lui-même :

« J’étais totalement absorbé par le drame, et le mystère autour du meurtre du président. Et quand je suis arrivé au dénouement, je me suis dit : ‘Dan, vieux coquin, tu as recommencé!’ ».

Une gestion calculée du rythme des révélations

L’épisode 6, « You Asked for Miracles », illustre parfaitement cette maîtrise narrative. Alors que les tensions atteignent leur paroxysme, Xavier et Samantha Redmond s’affrontent dans « un jeu d’échecs où [ils] déplacent leurs pions avec une précision quasi militaire ». Chaque révélation est soigneusement dosée pour maintenir le spectateur en haleine tout en faisant progresser l’intrigue vers son inévitable conclusion.

Un équilibre entre questions et réponses

À l’heure où de nombreuses séries dystopiques pèchent par leur tendance à multiplier les mystères sans offrir de résolutions satisfaisantes, Paradise se distingue par sa capacité à équilibrer questions et réponses. Si certains critiques ont pu reprocher à la série de « [s’embourber] dans un récit assez binaire et malaisant », la majorité reconnaît la cohérence de son développement narratif et la satisfaction que procurent ses révélations soigneusement orchestrées.

Sterling K. Brown : La pierre angulaire de Paradise

Une performance physique et émotionnelle

Après son rôle emblématique de Randall Pearson dans This Is Us, Sterling K. Brown démontre toute l’étendue de son talent dans un registre radicalement différent. L’acteur a dû suivre une préparation physique intense pour incarner Xavier Collins, comme il l’explique lui-même :

« J’ai dû me remettre en forme car le tournage était très physique ». 

Cette exigence corporelle se double d’une performance émotionnelle nuancée, alors que son personnage navigue entre détermination, vulnérabilité et rage contenue.

Un ancrage humain dans un univers dystopique

Dans l’univers parfois froid et déshumanisant de Paradise, Brown apporte une dimension profondément humaine qui permet au spectateur de s’identifier et de s’investir émotionnellement dans l’histoire. Sa présence à l’écran, son charisme naturel et sa capacité à communiquer des émotions complexes par le moindre regard font de Xavier Collins bien plus qu’un simple protagoniste : il devient notre guide et notre conscience morale dans ce monde troublant.

Une collaboration fructueuse avec Fogelman

La relation professionnelle entre Sterling K. Brown et Dan Fogelman, forgée pendant les six saisons de This Is Us, se révèle être un atout majeur pour Paradise. L’acteur confie d’ailleurs

: « Je suis honoré et flatté que Dan Fogelman ait pensé à moi pour ce rôle.

Ça m’a beaucoup touché ». Cette confiance mutuelle transparaît à l’écran et permet à Brown d’explorer avec assurance les multiples facettes de son personnage complexe.

Les forces et faiblesses de Paradise : Une analyse critique

Les points forts indéniables

Paradise brille par son ambition narrative et visuelle. La série « nous immerge dans un univers visuellement somptueux et narrativement dense », offrant aux spectateurs une expérience télévisuelle complète qui stimule autant l’intelligence que les émotions. L’écriture de Dan Fogelman, qualifiée de « précise » par certains critiques, parvient à équilibrer les éléments de thriller politique, de science-fiction et de drame humain dans un ensemble cohérent et captivant.

Le casting constitue également l’un des atouts majeurs de la série, avec des performances unanimement saluées qui donnent vie et crédibilité à cet univers dystopique. La direction artistique et la réalisation soignée contribuent à créer une identité visuelle forte qui se démarque dans le paysage sériel actuel.

Les aspects perfectibles

Malgré ses nombreuses qualités, Paradise n’est pas exempte de défauts. Certains critiques ont pointé un rythme parfois inégal, notamment dans les épisodes centraux de la saison. D’autres ont regretté un « récit assez binaire et malaisant, où les milliardaires sont des monstres et des sauveurs », suggérant que la série aurait pu développer une vision plus nuancée de ses antagonistes.

Quelques critiques plus sévères vont jusqu’à parler d’un « scénario indigent » et de « dialogues creux », bien que ces opinions semblent minoritaires face aux nombreux avis positifs. Ces critiques rappellent néanmoins la difficulté de maintenir un niveau d’excellence constant sur huit épisodes d’une série aussi ambitieuse.

Paradise à travers les épisodes : Une construction méticuleuse

Les liens qui tissent la narration

L’une des forces de Paradise réside dans sa capacité à tisser des liens subtils entre ses différents épisodes, créant une toile narrative où chaque fil a son importance. L’épisode 6, par exemple, marque un tournant décisif où « l’heure n’est plus à l’acceptation, ni même à la résignation ». Ce moment charnière ne survient pas de nulle part mais résulte d’une tension soigneusement construite au fil des épisodes précédents.

La série excelle particulièrement dans l’art de semer des indices qui prennent tout leur sens rétrospectivement. Des détails apparemment anodins dans les premiers épisodes se révèlent cruciaux lorsque la vérité sur Paradise commence à émerger, récompensant les spectateurs attentifs et encourageant le revisionnage.

L’épisode 6 comme point d’inflexion

« You Asked for Miracles« , le sixième épisode de la saison, mérite une attention particulière dans notre analyse. Il représente un véritable pivot narratif où « les mensonges et manipulations ont tenu jusqu’ici, mais ils ne résisteront pas à la colère de ceux qui ont été trahis ». Cet épisode cristallise les tensions accumulées et précipite la série vers sa résolution finale.

Le geste symbolique de Xavier, piratant le ciel artificiel du bunker, illustre parfaitement comment la série fait converger ses différentes lignes narratives. Ce moment spectaculaire s’accompagne d’une mélodie lancinante de Frank Sinatra, créant une scène mémorable qui restera sans doute comme l’un des moments emblématiques de la série.

Les réflexions philosophiques de Paradise : Au-delà du divertissement

La valeur de la vérité dans un monde d’illusions

Paradise pose constamment la question de la valeur de la vérité face au confort de l’illusion. Les habitants du bunker vivent dans un monde artificiel soigneusement conçu pour leur faire oublier la réalité extérieure. Lorsque Xavier affiche son message provocateur « DO YOU WANT TO KNOW THE TRUTH? », il confronte directement cette problématique : vaut-il mieux vivre dans l’ignorance confortable ou affronter une vérité potentiellement dévastatrice ?

Cette interrogation philosophique fait écho à de nombreuses œuvres classiques, de l’allégorie de la caverne de Platon au film Matrix, mais Paradise la renouvelle en l’ancrant dans des préoccupations contemporaines comme la post-vérité et les bulles informationnelles.

L’éthique de la survie et le prix du privilège

La série explore également les dilemmes moraux liés à la survie dans un monde en crise. Qui mérite d’être sauvé ? Qui décide ? Et à quel prix ? Ces questions éthiques fondamentales sont incarnées par les personnages de Paradise, notamment par la figure de Samantha Redmond qui représente « un gouvernement […] obsédé par le contrôle et prêt à tout pour cacher la vérité ».

En mettant en scène une élite qui s’est mise à l’abri alors que le reste de l’humanité fait face à un sort incertain, Paradise nous oblige à confronter nos propres privilèges et notre responsabilité collective face aux crises globales. Cette réflexion résonne particulièrement à notre époque marquée par les inégalités croissantes et les défis climatiques.

La condition humaine face à l’adversité

Au cœur de Paradise se trouve une exploration nuancée de la nature humaine confrontée à l’adversité. La série montre comment la peur et l’instinct de survie peuvent transformer des individus ordinaires, pour le meilleur comme pour le pire. Le personnage de Xavier Collins incarne cette dualité : un homme déterminé à découvrir la vérité et à protéger sa famille, tout en étant capable d’actions moralement ambiguës pour atteindre ses objectifs.

Cette complexité morale fait la richesse de Paradise, qui refuse les simplifications manichéennes pour proposer une vision plus nuancée et plus proche de la réalité de la condition humaine.

Les inspirations dystopiques de Paradise

Des échos de classiques du genre

Paradise s’inscrit dans une riche tradition d’œuvres dystopiques, tout en apportant sa propre vision. On y retrouve l’influence de romans comme 1984 de George Orwell, notamment dans la thématique du contrôle de l’information et de la surveillance, ou encore Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley, par sa représentation d’une société divisée en castes distinctes.

Au cinéma, des parallèles peuvent être établis avec des films comme Snowpiercer de Bong Joon-ho, qui explore également les inégalités sociales dans un environnement clos et post-apocalyptique. La structure narrative complexe et les questionnements métaphysiques de la série évoquent par moments Westworld ou Lost, deux séries auxquelles Paradise a d’ailleurs été comparée.

Une filiation avec d’autres projets de Dan Fogelman

Si Paradise marque un tournant dans la carrière de Dan Fogelman, on y retrouve néanmoins certains thèmes qui lui sont chers, déjà explorés dans This Is Us. La famille comme refuge dans un monde chaotique, la quête d’identité et la façon dont le passé façonne notre présent sont des thématiques récurrentes dans son œuvre, réinterprétées ici dans un contexte dystopique.

Cette continuité thématique, malgré le changement radical de genre, témoigne de la cohérence artistique de Fogelman et de sa capacité à explorer des préoccupations universelles dans des cadres narratifs variés.

Paradise, une série qui marque son époque

Paradise s’impose comme l’une des propositions sérielles les plus ambitieuses et stimulantes de ce début d’année 2025. En combinant thriller haletant, science-fiction intelligente et réflexions philosophiques pertinentes, la création de Dan Fogelman transcende les limites de son genre pour offrir une expérience télévisuelle riche et mémorable.

Si tu apprécies les séries qui conjuguent divertissement de qualité et profondeur thématique, Paradise mérite amplement que tu lui consacres huit heures de ton temps. La performance remarquable de Sterling K. Brown, l’écriture ciselée et la réalisation ambitieuse en font un incontournable du catalogue Disney+, qui confirme ainsi sa volonté de proposer des contenus originaux de haute qualité.

Avec une deuxième saison déjà confirmée5, Paradise a posé les bases d’un univers fascinant qui n’a pas fini de nous surprendre et de nous faire réfléchir. Dans un paysage sériel parfois saturé de propositions formatées, cette série se distingue par son audace narrative et sa capacité à renouveler le genre dystopique. Paradise n’est pas seulement une série de divertissement, c’est une œuvre qui nous pousse à interroger notre rapport au monde, aux autres et à la vérité – une dystopie qui nous parle finalement beaucoup de notre présent.

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