L’épisode 4 saison 6 de The Handmaid’s Tale nous plonge dans les tensions explosives entre June, Luke et Moira face aux plans de la résistance. Entre mission suicide et promotion divine, ça va clasher sévère !
Pourquoi cet épisode vaut le détour ? Parce qu’il explore enfin les dynamiques toxiques entre les personnages principaux tout en offrant un regard fascinant sur les mécaniques de pouvoir, aussi bien dans la résistance que chez l’ennemi.
Le syndrome du héros principal, ou quand June pète plus haut que son cul
Avouons-le, notre June nationale commence sérieusement à nous taper sur le système. Dans « Promotion« , elle atteint des sommets d’arrogance qui feraient rougir un commandant de Gilead. Quand Moira se porte volontaire pour infiltrer Jezebel’s (ce bordel de luxe où les commandants viennent s’encanailler), June se transforme en mère poule hystérique qui « interdit » à son amie de prendre des risques. Sérieux, meuf ? Tu as passé combien de saisons à jouer les kamikazes sans rien demander à personne ?

La scène où Moira lui balance qu’elle « ne peut plus vivre sa vie » est un pur moment de justice karmique. Samira Wiley délivre une performance tout en retenue qui tranche avec l’intensité maniaque d’Elisabeth Moss. C’est comme si le show reconnaissait enfin que June est devenue cette Karen dystopique qui veut « parler au manager » de la résistance quand les choses ne vont pas dans son sens. (On avoue, ça fait un bien fou de la voir se faire recadrer.)
« Let’s fight together » : Le couple dysfonctionnel fait front commun
Parlons de Luke, ce brave gars qui s’est retrouvé dans le rôle ingrat du mari qui attend pendant que sa femme fait la révolution. Dans cet épisode, il se rebiffe enfin. Quand June revient la bouche en cœur après avoir manigancé dans son dos pour prendre la place de Moira, Luke lui sert une réplique qui résume parfaitement le problème : elle est « goddamn infantilizing » avec tout le monde.
Le dialogue entre ces deux-là oscille entre thérapie de couple et préparation d’attentat. « Voilà qui nous sommes maintenant : deux tarés qui s’apprêtent à entrer à Gilead sur un coup de tête et une prière, » résume Luke avec un fatalisme qui fleure bon la dernière saison. Cette acceptation mutuelle de leur folie est paradoxalement le moment le plus sain de leur relation depuis des lustres. (Et franchement, c’est pas trop tôt !)
Le grand jeu platonicien de Lawrence : promotion canapé à Gilead
Pendant que nos rebelles jouent aux chaises musicales pour savoir qui va risquer sa peau, de l’autre côté de la frontière, c’est jour de fête pour le Commandant Lawrence. Notre ambigu préféré se voit promu « High Commander », ce qui dans la hiérarchie de Gilead équivaut à passer de « méchant régulier » à « méchant avec bureau d’angle ».
Le plus fascinant dans cette intrigue parallèle est la façon dont Gilead pervertit des concepts philosophiques pour justifier son régime. Les échos platoniciens dans la structure sociale (les gardiens, les Martha, les commandants qui rappellent la division tripartite de Platon) montrent comment les régimes autoritaires détournent la philosophie pour limiter l’imagination politique de leurs sujets. Lawrence lui-même semble naviguer cette corruption idéologique, utilisant les outils du système pour tenter de le réformer – un paradoxe qui fait écho à la position intenable de Naomi, sa « femme-trophée » qu’il méprise ouvertement.
Janine ou l’éternel punching-ball émotionnel
La rencontre entre Lawrence et Janine à Jezebel’s est un concentré de tension et de non-dits. Quand Janine lui balance « Tu as épousé une vraie connasse« , on sent que le régime n’a pas réussi à briser totalement son esprit, malgré les horreurs qu’elle a traversées. La scène où Lawrence lui donne le dessin de sa fille Angela est d’une douceur amère qui contraste violemment avec le cadre sordide de Jezebel’s.

Madeline Brewer continue d’insuffler une humanité déchirante à Janine, cette survivante qui encaisse les coups du destin comme personne. Le Commander Bell qui la traite comme un jouet qu’il « prête » à Lawrence pour sa promotion illustre parfaitement l’horreur banalisée de Gilead. Cette normalisation de l’atrocité fait écho aux réflexions de Hannah Arendt sur la banalité du mal – on est bien loin des méchants caricaturaux d’autres dystopies.
Alaska vs Mayday : June face à ses contradictions
L’hypocrisie de June atteint son paroxysme quand elle reproche au mouvement Mayday d’être composé d’amateurs pas formés. Hello ? Elle-même n’a jamais suivi de stage « Comment renverser une théocratie fasciste en 10 leçons » que je sache ! Cette contradiction révèle sa peur viscérale de voir ses proches risquer leur vie, alors qu’elle s’est construite une identité de martyre révolutionnaire.
La proposition d’Alaska représente cette tentation de normalité qui hante June depuis sa fuite. Mais la vérité, c’est que notre héroïne est accro à l’adrénaline du combat et à son statut de figure messianique. Mark Tuello qui débarque tel un deus ex machina avec cette offre de nouvelle vie est presque comique dans son timing. June veut le beurre (sa famille en sécurité) et l’argent du beurre (continuer à faire la guerre). Cette double posture n’est pas sans rappeler le concept nietzschéen de volonté de puissance déguisée en vertu.
À qui appartient la rébellion ?
La question centrale de l’épisode pourrait se résumer à : qui a le droit de raconter l’histoire de la résistance ? June s’est tellement approprié la lutte contre Gilead qu’elle considère inconsciemment les autres comme des figurants dans son épopée personnelle. Quand Luke affirme que c’est sa chance de se battre pour Hannah, et que Moira revendique sa légitimité en tant qu’ancienne Jezebel, on assiste à une véritable déconstruction du « syndrome du héros blanc » (ou du héros tout court).

Cette dynamique fait écho aux critiques de bell hooks sur l’appropriation des récits de résistance par les voix dominantes. L’épisode 4 donne enfin à Luke et Moira la possibilité d’exister en dehors de l’orbite de June, et O-T Fagbenle comme Samira Wiley saisissent cette opportunité avec brio, montrant des personnages aux prises avec leurs propres traumas et motivations.
Verdict : Une thérapie familiale version Molotov
« Promotion » est un épisode qui pose les jalons psychologiques nécessaires avant ce qui s’annonce comme une mission suicide à Jezebel’s. Si le rythme peut sembler lent pour les accros à l’action, la profondeur des conflits interpersonnels et le développement des personnages secondaires compensent largement cette impression de calme avant la tempête.
Un épisode qui nous rappelle que dans la lutte contre l’oppression, nos pires ennemis sont parfois nos propres démons intérieurs et notre incapacité à lâcher prise sur le contrôle.
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