L’épisode 7 de The Last of Us, intitulé « Left Behind », nous plonge dans les souvenirs d’Ellie à un moment crucial où Joel, gravement blessé, se trouve entre la vie et la mort. Cette parenthèse narrative, adaptée du DLC éponyme du jeu vidéo, nous révèle les origines de l’infection d’Ellie et sa relation avec Riley, tout en éclairant d’une lumière nouvelle sa détermination à sauver Joel malgré les circonstances désespérées. Réalisé par Liza Johnson, cet épisode constitue un tournant majeur dans le développement du personnage d’Ellie et dans l’évolution de son lien avec Joel.

Un flashback révélateur qui change tout

Le récit d’une amitié brisée

L’épisode 7 débute par une situation critique : Joel est gravement blessé suite aux événements de l’épisode précédent, et Ellie se retrouve seule face à cette urgence en plein hiver. Puis, la narration nous transporte dans le passé d’Ellie, alors âgée de 14 ans, évoluant dans une école militaire stricte. La réapparition de son amie Riley, jouée par Storm Reid, va bouleverser son quotidien. Cette dernière, après une absence inexpliquée, revient pour offrir à Ellie « la meilleure nuit de sa vie » dans un centre commercial abandonné.

Ce flashback n’est pas qu’une simple parenthèse narrative, mais une plongée profonde dans la psyché d’Ellie. Il nous montre comment cette adolescente a vécu sa jeunesse dans un monde dévasté, où les moments de légèreté et d’insouciance sont rarissimes. La relation entre Ellie et Riley est dépeinte avec une tendresse et une authenticité qui contrastent violemment avec la brutalité du monde post-apocalyptique qui les entoure.

La morsure qui a tout changé

L’élément central de cet épisode est sans doute la révélation des circonstances dans lesquelles Ellie a été infectée. Alors qu’elles explorent le centre commercial, Ellie et Riley sont attaquées par un infecté. Toutes deux sont mordues, et face à cette condamnation à mort imminente, elles décident de passer leurs derniers moments ensemble. C’est cette expérience traumatisante qui explique l’immunité mystérieuse d’Ellie au Cordyceps, faisant d’elle un espoir potentiel pour l’humanité.

Cette scène cruciale est filmée avec une intensité émotionnelle remarquable, mettant en lumière la capacité de la série à capturer des moments intimes au milieu du chaos. Le contraste entre la joie des instants partagés et l’horreur de leur destin crée une dissonance narrative poignante qui résonne longtemps après le visionnage.

Échos et résonances avec les épisodes précédents

Le motif de la perte comme fil conducteur

L’épisode 7 fait écho aux thématiques de perte déjà abordées dans les épisodes précédents de The Last of Us. Tout comme Joel a perdu sa fille Sarah dans le premier épisode, Ellie perd Riley, sa première véritable connexion émotionnelle. Ces pertes traumatiques façonnent profondément les personnages et expliquent leurs difficultés à former de nouveaux liens significatifs.

La série établit ainsi un parallèle subtil entre les expériences de Joel et d’Ellie, montrant comment leurs traumatismes respectifs les ont conduits à adopter des mécanismes de défense similaires : méfiance, détachement émotionnel, et tendance à maintenir les autres à distance. Cette stratégie narrative renforce la crédibilité de leur rapprochement graduel.

L’évolution du duo Joel-Ellie

Les six premiers épisodes nous ont montré l’évolution progressive de la relation entre Joel et Ellie, passant d’une méfiance réciproque à un attachement réticent. L’épisode 6 s’articulait autour du dilemme de Joel : continuer ou non avec Ellie. En miroir parfait, l’épisode 7 confronte Ellie au même dilemme : abandonner Joel comme il le lui demande, ou s’accrocher à lui malgré les risques.

Cette mise en parallèle intelligente renforce la symétrie émotionnelle qui se développe entre les deux personnages, tout en soulignant les différences fondamentales dans leurs réactions face à l’adversité. Là où Joel tend à se replier sur lui-même et à fuir l’attachement, Ellie choisit consciemment de lutter pour préserver ce lien naissant.

La profondeur philosophique derrière l’horreur

L’absurdité existentielle face à un monde hostile

L’épisode 7 aborde plusieurs questions philosophiques fondamentales, notamment celle de la recherche de sens dans un monde dévasté où la survie immédiate semble être la seule préoccupation légitime. Riley et Ellie, confrontées à leur mort imminente après avoir été mordues, choisissent de « perdre la tête ensemble » plutôt que de se suicider, incarnant une forme d’existentialisme où l’absurdité de la condition humaine est reconnue mais transcendée par des choix personnels significatifs.

Cette approche philosophique évoque les réflexions d’Albert Camus sur l’absurde : face à un univers indifférent, la révolte et la création de sens deviennent des actes de résistance. La décision d’Ellie de rester aux côtés de Joel, malgré son encouragement à l’abandonner, représente une continuation de cette philosophie – elle choisit de créer du sens à travers ce lien plutôt que de céder au désespoir logique de leur situation.

L’éthique dans un monde post-apocalyptique

La série remet en question nos certitudes éthiques traditionnelles en nous plongeant dans un monde où les règles morales conventionnelles semblent obsolètes. Le champignon Cordyceps, qui transforme les humains en « zombies », sert de catalyseur narratif pour explorer comment les notions de bien et de mal évoluent dans un contexte de survie extrême.

Cet épisode nous confronte à des questions éthiques complexes : Joel mérite-t-il d’être sauvé au prix des risques qu’Ellie encourt ? La vie d’une personne peut-elle prendre plus de valeur qu’une autre dans ce contexte ? Les réponses ne sont jamais simples, et la série excelle à présenter ces dilemmes sans imposer de jugement moral définitif.

La dynamique Ellie-Joel : une relation en constante évolution

Du mentor à la figure paternelle

L’épisode 7 joue un rôle déterminant dans la compréhension de la relation entre Ellie et Joel. Bien que Joel soit physiquement absent pendant la majeure partie du flashback, sa présence est symboliquement omniprésente à travers le parallèle entre sa relation avec Ellie et celle d’Ellie avec Riley.

La perte de Riley aide le spectateur à comprendre pourquoi Ellie s’accroche si désespérément à Joel dans le présent narratif. Ayant déjà perdu quelqu’un qu’elle aimait, Ellie refuse de revivre cette expérience traumatisante. Sa décision de rester auprès de Joel, malgré son état critique et ses instructions de l’abandonner, marque un point de non-retour dans leur relation. Elle scelle définitivement leurs destins en les entremêlant dans le sang et la douleur.

De la survie à l’attachement émotionnel

Si les épisodes précédents montraient une relation basée principalement sur la nécessité de survie mutuelle, l’épisode 7 marque la transition vers un attachement émotionnel profond. La décision d’Ellie n’est plus motivée uniquement par la mission ou la nécessité, mais par un lien affectif authentique qui transcende la simple coopération pragmatique.

Craig Mazin et Neil Druckmann, dans une interview pour Collider, expliquent comment le souvenir de Riley influence directement la décision d’Ellie de rester auprès de Joel. Cette continuité émotionnelle entre le passé et le présent d’Ellie donne une profondeur supplémentaire à son personnage et à ses motivations.

La série vs le jeu : une adaptation qui enrichit l’œuvre originale

« Left Behind » : du DLC à l’épisode central

L’épisode 7 adapte avec une grande fidélité le DLC « Left Behind » du jeu original, tout en l’intégrant organiquement à la narration principale de la série. Dans le jeu, ce contenu supplémentaire était une expérience distincte qui permettait d’approfondir le passé d’Ellie. La série fait le choix judicieux de l’incorporer comme un épisode à part entière, lui donnant ainsi une importance narrative équivalente aux autres épisodes.

Cette décision de structure narrative illustre l’approche des créateurs Neil Druckmann et Craig Mazin : respecter l’esprit de l’œuvre originale tout en l’adaptant aux spécificités du médium télévisuel. La série se permet d’explorer plus en profondeur certains aspects psychologiques que le format jeu vidéo ne pouvait développer aussi explicitement.

Une exploration psychologique approfondie

Là où le jeu vidéo favorisait l’immersion par l’action et l’interaction, la série télévisée mise sur une exploration psychologique plus nuancée des personnages. Cet épisode en est l’exemple parfait : il nous offre une plongée intime dans la psyché d’Ellie que le format ludique ne pouvait pas restituer avec la même intensité émotionnelle.

Les performances remarquables de Bella Ramsey (Ellie) et Storm Reid (Riley) contribuent grandement à cette profondeur psychologique. Leurs interprétations captent avec justesse la complexité émotionnelle de deux adolescentes tentant de vivre leur jeunesse dans un monde hostile. Cette dimension humaine renforce considérablement l’impact émotionnel de l’histoire.

La transformation psychologique d’Ellie : de l’innocence à la résilience

Le prix de la survie

L’épisode 7 nous montre comment Ellie, initialement présentée comme une adolescente relativement préservée malgré le monde apocalyptique, a été irrémédiablement transformée par son expérience traumatique avec Riley. La perte de son amie et l’infection qui ne l’a pas transformée ont forgé en elle une résilience exceptionnelle, mais aussi une peur profonde de l’attachement.

Cette transformation psychologique explique plusieurs aspects du comportement d’Ellie dans les épisodes précédents : son attitude défensive, son humour comme mécanisme de défense, et sa réticence initiale à s’attacher à Joel. En découvrant les origines de ces traits de caractère, le spectateur développe une compréhension plus nuancée et empathique du personnage.

La construction d’une nouvelle identité

Face à la perte et au traumatisme, Ellie se reconstruit une identité basée sur la résilience et la détermination. Sa décision de ne pas abandonner Joel, contrairement à ce qu’elle n’a pu faire pour Riley, marque un tournant décisif dans cette construction identitaire. Elle refuse désormais d’être la survivante passive, choisissant plutôt d’agir activement pour préserver ce qui lui est cher.

Cette évolution psychologique constitue l’un des arcs narratifs les plus fascinants de la série. À travers ces épreuves, Ellie passe de l’adolescente rebelle à une jeune femme comprenant la valeur et le prix des relations humaines authentiques dans un monde où celles-ci sont devenues rares et précieuses.

Une pièce maîtresse dans la narration de The Last of Us

L’épisode 7 de The Last of Us s’impose comme un moment charnière dans la narration de cette première saison. En explorant le passé d’Ellie et sa relation avec Riley, il éclaire d’une lumière nouvelle sa dynamique présente avec Joel et ses motivations profondes. Plus qu’un simple flashback, cet épisode constitue une exploration psychologique et philosophique riche qui élève l’ensemble de la série.

La décision finale d’Ellie de rester auprès de Joel malgré le danger, influencée par son expérience traumatique avec Riley, marque un point de non-retour dans leur relation. Ce choix conscient transforme leur duo de circonstance en un lien profond et significatif qui définira la suite de leur parcours. À travers cette exploration intime du passé d’Ellie, la série affirme sa capacité à transcender le simple récit post-apocalyptique pour offrir une réflexion nuancée sur la condition humaine face à l’adversité.

The Last of Us continue ainsi de démontrer qu’une adaptation de jeu vidéo peut non seulement respecter son matériau d’origine, mais l’enrichir en exploitant pleinement les spécificités narratives de son nouveau médium. L’épisode 7 en est la preuve éclatante, confirmant le statut de la série comme l’une des adaptations vidéoludiques les plus réussies à ce jour.

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